Abaque de solivage pour plancher bois : calculez vos sections en un clin d’œil

Charpentier mesurant des solives en bois avec un abaque imprimé, illustrant le calcul de solivage pour plancher bois

L’abaque solivage plancher bois simplifie le dimensionnement des solives pour votre projet de construction ou rénovation. Ce guide vous fournit tableaux pratiques, méthodes de calcul et conseils d’expert pour choisir la section adaptée à votre portée et charges d’exploitation.

1. Rappels rapides sur les charges et la flèche admissible

Avant d’utiliser un abaque solive bois, il faut maîtriser les paramètres fondamentaux qui déterminent le dimensionnement.

Types de charges à considérer

Charges permanentes (G) : Ces charges agissent en permanence sur la structure. Pour un plancher d’habitation, elles comprennent le poids propre des solives (25 kg/m²), du plancher OSB ou contreplaqué (15-20 kg/m²), du plafond suspendu (10 kg/m²) et des cloisons légères (40 kg/m²). Le total atteint généralement 90-100 kg/m².

Charges d’exploitation (Q) : Variables selon l’usage du local. L’Eurocode 1 fixe 150 kg/m² pour les logements d’habitation, 250 kg/m² pour les bureaux et 400 kg/m² pour les locaux de stockage. Cette valeur intègre déjà un coefficient de sécurité pour l’usage domestique courant.

Charges climatiques : Neige (selon région, 45-180 kg/m²) et vent s’appliquent uniquement aux planchers sous toiture ou terrasses. Les planchers intermédiaires n’en tiennent pas compte.

Flèche admissible et confort d’usage

La flèche représente la déformation verticale maximale tolérée au centre de la portée sous charges d’exploitation.

Limite réglementaire : L/300 soit 13,3 mm pour une portée de 4 mètres. Cette valeur évite les fissurations du plafond et les vibrations excessives.

Confort optimisé : Beaucoup de professionnels appliquent L/400 voire L/500 pour améliorer le confort, particulièrement dans les chambres et bureaux où la stabilité est cruciale.

Vibrations : Au-delà de la flèche statique, les vibrations dynamiques sous passage humain doivent rester imperceptibles. Une fréquence propre supérieure à 8 Hz évite généralement les désagréments.

Classes de résistance du bois

Classe C24 : Bois de conifères à haute résistance mécanique. Contrainte caractéristique de flexion : 24 MPa. Module d’élasticité : 11 000 MPa. Prix supérieur mais sections réduites.

Classe C18 : Standard économique pour usage courant. Contrainte de flexion : 18 MPa. Module d’élasticité : 9 000 MPa. Bon compromis performance-prix pour portées modestes.

Bois lamellé-collé : Classes GL24h à GL32h offrent des performances supérieures et des portées exceptionnelles jusqu’à 12-15 mètres sans appui intermédiaire.

2. Comment lire un abaque de solivage ?

Un tableau solivage plancher présente les relations entre portée libre, entraxe des solives et section nécessaire pour respecter les critères de résistance et déformation.

Structure type d’un abaque

Axe horizontal : Portée libre des solives en mètres (distance entre appuis sans support intermédiaire).

Axe vertical : Entraxe entre axes des solives en centimètres (espacement centre à centre).

Cases du tableau : Section optimale exprimée en mm (largeur × hauteur), parfois complétée par le volume de bois au m².

Paramètres de base intégrés

Les abaques standards intègrent généralement :

  • Charges permanentes : 100 kg/m²
  • Charges d’exploitation : 150 kg/m² (habitation)
  • Flèche limite : L/300
  • Classe de bois : C24 (précisé dans l’en-tête)
  • Coefficient de sécurité : 1,5 (résistance) et 1,0 (déformation)
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Lecture pratique

Pour une portée de 4 mètres et un entraxe de 40 cm, l’intersection indique par exemple « 63×200 » soit une solive de 63 mm de largeur et 200 mm de hauteur. Cette section respecte tous les critères de sécurité pour l’usage prévu.

Les cases vides ou marquées d’un tiret signalent des configurations impossibles ou économiquement déraisonnables nécessitant une poutre ou un appui intermédiaire.

3. Tableau abaque : entraxe, portée, section, essence, charge

Sur mobile, passez l’écran à l’horizontale pour lire le tableau en entier.

Portée libreEntraxe 30 cmEntraxe 40 cmEntraxe 50 cmEntraxe 60 cmVolume bois/m²Observations
2,5 m38×150 (C18)50×150 (C18)63×150 (C18)63×175 (C18)0,019 m³Portée économique
3,0 m50×175 (C18)63×175 (C18)75×175 (C18)75×200 (C18)0,022 m³Standard maison individuelle
3,5 m63×175 (C24)75×200 (C24)75×225 (C24)100×225 (C24)0,025 m³Nécessite C24
4,0 m75×200 (C24)75×225 (C24)100×225 (C24)100×250 (C24)0,028 m³Limite pratique courante
4,5 m75×225 (C24)100×250 (C24)125×250 (C24)150×250 (C24)0,032 m³Sections importantes
5,0 m100×250 (C24)125×275 (C24)150×275 (C24)175×275 (C24)0,037 m³Considérer poutre en I
5,5 m125×275 (C24)150×300 (C24)175×300 (C24)200×300 (C24)0,042 m³Économie discutable
6,0 m150×300 (C24)175×325 (C24)200×325 (C24)0,048 m³Appui intermédiaire recommandé

Tableau valable pour charges permanentes 100 kg/m² + charges d’exploitation 150 kg/m² + flèche L/300. Sections courantes disponibles en scierie.

Lecture du tableau et optimisation

Zone verte (2,5-3,5 m) : Portées économiques où le C18 suffit généralement. Optimisation par ajustement de l’entraxe selon les contraintes de pose.

Zone orange (4,0-5,0 m) : Le C24 devient nécessaire. Sections importantes nécessitant verification de disponibilité en scierie locale.

Zone rouge (>5,5 m) : Sections surdimensionnées économiquement. Préférer un appui intermédiaire, une poutre maîtresse ou des solives en I.

Adaptations selon l’essence

Résineux C18 → C24 : Réduction de section d’environ 15-20% grâce à la résistance supérieure. Coût majoré de 25-30% compensé par les économies de volume.

Feuillus (chêne, châtaignier) : Performances équivalentes ou supérieures au C24 selon classification. Vérifier les caractéristiques mécaniques certifiées.

Bois exotiques : Résistances variables nécessitant calculs spécifiques. Ne pas utiliser les abaques standard sans validation technique.

4. Étapes pour utiliser l’abaque (exemple pas-à-pas)

Dimensionnons ensemble une solive pour un plancher de chambre à l’étage d’une maison individuelle.

Étape 1 : Définir les paramètres du projet

Portée libre : 4,20 mètres entre murs porteurs (mesure entre nus intérieurs des appuis).

Usage : Chambre d’habitation → charges d’exploitation 150 kg/m².

Contraintes de pose : Entraxe souhaité 40 cm pour optimiser la pose de l’OSB 18 mm (largeur 250 cm).

Budget : Recherche du meilleur rapport qualité-prix.

Étape 2 : Consultation de l’abaque

Pour 4,20 m de portée (arrondi à 4,5 m par sécurité) et 40 cm d’entraxe, le tableau indique 100×250 en C24.

Cette section respecte tous les critères réglementaires avec une marge de sécurité confortable pour l’usage résidentiel standard.

Étape 3 : Vérifications complémentaires

Disponibilité : Vérifier en scierie locale la disponibilité de cette section ou des alternatives proches (75×275, 125×225).

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Coût : Comparer le prix au m³ avec des sections plus standards. Une section 75×275 peut s’avérer plus économique selon les tarifs.

Pose : Confirmer que la hauteur de 250 mm est compatible avec la réservation prévue dans le gros œuvre.

Étape 4 : Validation finale

Calcul de vérification : Pour les projets importants, faire valider par un bureau d’études ou utiliser un logiciel de calcul professionnel.

Réception du bois : Contrôler le marquage CE, la classe de résistance et l’humidité (≤18% pour usage structure).

Mise en œuvre : Respecter les règles de l’art pour la pose, fixation et contreventement du plancher.

5. Limites de l’abaque : cas particuliers (mezzanine, local public, plancher mixte)

Les tableaux standards ne couvrent pas toutes les situations rencontrées en construction et rénovation.

Charges d’exploitation majorées

Mezzanine de stockage : Les charges peuvent atteindre 350-500 kg/m² selon l’usage. Les abaques habitation sous-dimensionnent dangereusement la structure.

Local professionnel : Bureaux (250 kg/m²), commerce (400 kg/m²) ou industrie légère (500 kg/m²) nécessitent des calculs spécifiques dépassant les capacités des abaques domestiques.

Salle de sport, danse : Charges dynamiques et vibrations particulières non prises en compte par les abaques statiques classiques.

Configurations géométriques atypiques

Plancher en porte-à-faux : Solives en console nécessitent des calculs de moment fléchissant et d’ancrage spécifiques. Les abaques ne s’appliquent qu’aux portées sur appuis simples.

Plancher de forme : Trémies d’escalier, découpes importantes ou géométries non rectangulaires demandent une approche par éléments finis.

Plancher mixte bois-béton : La collaboration des matériaux modifie complètement les hypothèses de calcul standard.

Conditions environnementales particulières

Humidité permanente : Salle de bain, buanderie ou sous-sol humide nécessitent des majorations de section (10-15%) et des bois traités classe 2 minimum.

Température élevée : Plancher au-dessus de chaufferie ou cheminée. Les caractéristiques mécaniques du bois chutent au-delà de 50°C d’exposition permanente.

Charges roulantes : Passage de diable, transpalette ou véhicule léger génère des contraintes ponctuelles non couvertes par les abaques de flexion simple.

Réhabilitation de l’existant

Renforcement de solives : Les abaques dimensionnent du neuf mais ne traitent pas la consolidation d’éléments existants déformés ou fissurés.

Association ancien-nouveau : Raccordement sur structure existante (pierre, poutrelles hourdis) nécessite des études de compatibilité déformation.

Pathologies : Attaques d’insectes, champignons ou fentes réduisent les caractéristiques mécaniques effectives.

6. Alternatives : calcul manuel, Eurocode 5, logiciels gratuits

Lorsque les abaques atteignent leurs limites, plusieurs solutions permettent un dimensionnement précis.

Formules de calcul manuel

Moment de flexion maximal : M = (p × L²) / 8 pour charge uniformément répartie sur appuis simples.

Contrainte de flexion : σ = M / W avec W = (b × h²) / 6 (module de flexion section rectangulaire).

Flèche maximale : f = (5 × p × L⁴) / (384 × E × I) avec I = (b × h³) / 12 (moment d’inertie).

Ces formules permettent une vérification rapide ou l’adaptation à des charges particulières non couvertes par les abaques.

Eurocode 5 : référence européenne

NF EN 1995-1-1 : Norme de calcul des structures bois harmonisée au niveau européen. Elle définit les méthodes de calcul, coefficients de sécurité et classes de résistance.

États limites : Approche semi-probabiliste distinguant ELU (résistance) et ELS (déformation, vibration). Plus fine que les abaques simplifiés.

Coefficients partiels : γM = 1,3 (matériau bois), γG = 1,35 (charges permanentes), γQ = 1,5 (charges variables). Sécurité optimisée selon la criticité.

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L’Eurocode 5 constitue la référence pour tous projets sortant du domaine d’application des abaques simplifiés.

Logiciels de calcul

Solutions gratuites : Le CSTB propose des feuilles de calcul Excel téléchargeables sur www.cstb.fr couvrant les cas courants selon Eurocode 5.

Logiciels en ligne : Plusieurs sites proposent des calculateurs gratuits intégrant les formules réglementaires. Vérifier la conformité aux normes françaises.

Logiciels professionnels : Robot Structural Analysis, RFEM, ou Advance Design offrent des capacités de modélisation 3D pour projets complexes.

Bureaux d’études spécialisés

Pour les projets dépassant 50 m² de plancher ou présentant des singularités importantes, l’intervention d’un ingénieur structure sécurise juridiquement et techniquement la réalisation.

Le coût d’une étude (500-1500€ selon complexité) se justifie rapidement face aux risques de sous-dimensionnement ou de surconsommation de matériaux.

7. FAQ : C24 vs C18, humidité, traitement, vibrations

Quand choisir du C24 plutôt que du C18 ?

La classe C24 devient obligatoire pour les portées supérieures à 3,5 mètres avec entraxe standard (40 cm) selon notre abaque. Elle permet de réduire les sections de 15-20% par rapport au C18.

Critères économiques : Le surcoût du C24 (+25-30%) se compense par les économies de volume au-delà de 4 mètres de portée. En dessous, le C18 reste généralement plus avantageux.

Disponibilité : Le C18 se trouve plus facilement en stock chez les négociants. Le C24 nécessite parfois commande spéciale avec délais rallongés.

Qualité visuelle : Le tri plus sélectif du C24 améliore l’aspect esthétique pour planchers apparents ou mi-apparents.

Comment gérer l’humidité des solives ?

Humidité à la livraison : Exiger maximum 18% selon NF EN 14081. Un bois plus humide se déforme en séchant et peut fissurer.

Stockage sur chantier : Protéger de la pluie mais ventiler. Éviter les bâches plastiques qui créent de la condensation.

Mise en œuvre : Poser dans un local fermé et hors d’eau. L’humidité relative ambiante doit rester sous 65% pour éviter les reprises d’humidité.

Contrôle : Un humidimètre à pointes permet de vérifier le taux avant pose. Au-delà de 20%, reporter les travaux.

Le traitement insecticide/fongicide est-il obligatoire ?

Usage en intérieur sec : Aucune obligation réglementaire pour plancher d’habitation en ambiance normale (HR < 65%).

Zones à risques : Salle de bain, buanderie, sous-sol humide nécessitent un traitement classe 2 minimum (CTB-P+ ou équivalent).

Assurance : Certains assureurs exigent le traitement pour garantir leurs polices décennale. Vérifier les conditions particulières.

Durabilité : Le traitement prolonge la durée de vie et maintient les caractéristiques mécaniques. Investissement rentable à long terme.

Comment limiter les vibrations du plancher ?

Rigidification : Augmenter la section des solives ou réduire l’entraxe améliore la rigidité dynamique.

Contreventement : Croix de Saint-André entre solives ou entretoises régulières limitent les mouvements parasites.

Masse : Chape sèche ou isolation lourde entre solives augmentent l’inertie et atténuent les vibrations.

Fréquence propre : Viser 8-10 Hz minimum pour éviter la résonance avec le pas humain (1,5-2,5 Hz).

Amortissement : Matériaux viscoélastiques (bitume, caoutchouc) entre plancher et solives dissipent l’énergie vibratoire.

Peut-on percer les solives pour passage de gaines ?

Règles générales : Perçage autorisé dans le tiers central de la portée et le tiers central de la hauteur.

Diamètre maximal : h/4 pour trou unique, h/6 pour trous multiples avec espacement minimal de 3 diamètres.

Renforcement : Doubler la solive ou ajouter des renforts métalliques pour perçages importants.

Interdictions : Pas d’entaille en partie tendue (fibre inférieure) ni près des appuis (effort tranchant maximal).

Une validation par calcul s’impose pour tout perçage sortant de ces règles empiriques.



Votre projet de plancher bois nécessite un dimensionnement fiable ? Cette dimension solive plancher bois doit respecter scrupuleusement les charges et portées de votre configuration. Au-delà des abaques simplifiés, chaque situation mérite une analyse personnalisée pour optimiser sécurité, confort et budget.

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